On commence par recueillir une anamnèse personnelle et familiale centrée sur l’allergie :
Ensuite, on cherche à déterminer sur la base de la nature et du moment d’apparition des symptômes s’il s’agit d’une suspicion d’allergie médiée ou non par les IgE et si l’allergie est légère à modérée ou sévère1.
La nécessité d’un renvoi vers un médecin spécialiste en pédiatrie ou en gastro-entérologie et d’examens supplémentaires dépend du type d’allergie et de la sévérité des symptômes. En cas d’allergie sévère au lait de vache Ige médiée avec anaphylaxie, un traitement d’urgence et une hospitalisation sont indispensables1.
En cas de suspicion d’allergie Ige médiée, on peut recourir à un à un prick-test cutané ou à un test sanguin. En cas de suspicion d’allergie non IgE médiée, on instaurera un régime d’élimination (suppression du lait de vache) suivi d’un test de provocation orale1.
Voir la section Diagnostic pour de plus amples informations
Oui, la colique est une réaction allergique connue lors d’allergie au lait de vache7. Elle peut cependant aussi être due à d’autre facteurs et être, par exemple, liée à d’autre aliments, à des troubles intestinaux ou au comportement au moment du biberon ou de la tétée.
Chez les nourrissons allaités, la colique peut être liée à la consommation de produits laitiers par la mère7. Chez les nourrissons nourris au biberon, la colique peut être une réaction allergique aux protéines de lait de vache présentes dans la préparation pour nourrisson utilisée7.
Une formule à base d’hydrolysat poussé de protéines peut être une solution chez les nourrissons nourris au biberon en cas de colique due à une allergie au lait de vache*7.
Non, il s’agit de deux situations différentes et chacune nécessite une prise en charge différente4,8.
L’allergie au lait de vache est une réaction immunitaire vis-à-vis des protéines de lait de vache. Dans l’intolérance au lactose, les patients ne digèrent pas le lactose, sucre présent dans le lait et le système immunitaire n'y joue aucun rôle4,8.
Ces deux états peuvent provoquer des troubles gastro-intestinaux. Les problèmes cutanés et les problèmes respiratoires n’apparaissent toutefois qu’en cas d’allergie au lait de vache8.
En outre, l’intolérance au lactose est rare chez les enfants de moins de 2 à 3 ans9.
On parle de formule hypoallergénique pour nourrisson allergique au lait de vache ayant une efficacité cliniquement démontrée, lorsque le produit est bien toléré par au moins 90 % (avec un intervalle de confiance de 95 %) des nourrissons allergiques au lait de vache6. On distingue deux catégories :
Formule à base d’hydrolysat poussé (HPP, « hydrolysat poussé de protéines »)
Formule à base d’acides aminés (FAA)
N.B. : Les préparations pour nourrissons à base d'hydrolysats partiels de protéines sont aussi appelées "hypoallergéniques" mais elles ne sont ni conçues ni présentées pour la prise en charge de l’allergie au lait de vache. En effet, ces produits sont susceptibles de provoquer une réaction allergique.
Seules les formule à base d’hydrolysat poussé de protéines (HPP) avec une efficacité clinique démontrée et les formules à base d’acides aminés (AAF) ayant une efficacité clinique démontrée satisfont aux critères d’une formule hypoallergénique pour nourrissons en cas d'allergie au lait de vache et conviennent donc pour la prise en charge de l'allergie au lait de vache3,4,6.
Les formules à base de soja ne conviennent pas aux nourrissons de moins de 6 mois. Une préparations pour nourrisson à base de protéines de soja peut constituer une option pour les nourrissons de plus de 6 mois, si par exemple ils n’apprécient pas le goût d’une formule à base d’hydrolysat poussé de protéines3,4,6.
Les formules "confort" contiennent des protéines de lait qui ne sont que partiellement (et donc non extensivement) hydrolysées. Elles ne sont pas conçues pour l'allergie au lait de vache et n'ont donc pas démontré qu'elles sont hypoallergéniques pour les enfants allergiques au lait de vache.
Les formules sans lactose contiennent des protéines entières de lait de vache et ne conviennent donc pas aux nourrissons allergiques au lait de vache.
Le lait de brebis ou de chèvre ou les autres préparations à base de protéines animales contiennent des protéines entières. Comme les protéines allergéniques du lait de vache présentent une forte homologie avec les protéines du lait d’autre animaux, ceci peut provoquer une réaction allergique chez les nourrissons allergiques au lait de vache3-6. Ils ne conviennent donc pas chez les nourrissons en cas d'allergie aux protéines de lait de vache.
Les formules hydrolysées à base de riz dont la sécurité et l’efficacité ont été démontrées peuvent être envisagées chez les nourrissons qui n’apprécient pas le goût des formules à base d'hydrolysat poussé de protéines de lait de vache ou qui ne le supportent pas, ainsi que pour les familles véganes6.
La marche allergique désigne une succession d’allergies qui apparaissent avec l’âge. Elle débute par l’apparition d’une sensibilité à des allergènes alimentaires qui provoque des symptômes au niveau de la peau et du tractus gastro-intestinal. Celle-ci est suivie de l’apparition d’une sensibilité à des allergènes aérogènes associée à des réactions au niveau des voies respiratoires supérieures et inférieures10,11,23.
L’allergie au lait de vache est souvent la première manifestation de la marche allergique11.
En cas de suspicion d’allergie au lait de vache, il est possible de déterminer si le lait de vache est bien responsable tout simplement en cessant d’en donner (éviction). Après une période d’au moins 4 semaines et une diminution manifeste des plaintes, on peut, par le biais d’un test de provocation orale en double aveugle contrôlé contre placebo (TPODACP), déterminer si l’on se trouve réellement en présence d’une allergie au lait de vache. On considère généralement que la manière la plus fiable de poser un diagnostic d’allergie au lait de vache est de pratiquer un TPODACP24.
Certains fabricants ajoutent un épaississant à leur HPP destiné à l’allergie au lait de vache. Ils justifient ce choix sur le fait que cela contribue à éviter la régurgitation.
Les formules à base d'hydrolysat poussé de protéines ne contiennent généralement pas d’épaississant car la régurgitation est souvent une conséquence de l’allergie au lait de vache. La régurgitation consécutive à l’allergie au lait de vache disparaît le plus souvent spontanément lors du passage de son alimentation usuelle à un HPP. Un épaississant n’est donc par définition pas nécessaire dans une formule pour nourrisson allergique au lait de vache.
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